L'HISTOIRE DU JEANS

Entre le slim, le flare ou le bootcut, le brut, le noir ou le délavé, le jeans se décline aujourd’hui dans des milliers de coupes, de couleurs et de styles. A tel point qu’il est devenu un incontournable de la mode et que plus personne ne peut dire qu’il n’en a jamais possédé de sa vie.

Increvable, inusable, éternel... la réputation de la solidité à toute épreuve du jeans n’est plus à faire.
C’est d’ailleurs elle qui a garanti son essor durant la période de la ruée vers l’or. Et s’il y a quelques années encore, il était surtout porté par la gent masculine, de plus en plus de femmes aujourd’hui ne peuvent passer un seul jour sans porter de jeans. Retour sur un mythe.

En 1853, tandis que la ruée vers l’or bat son plein en Californie, Oscar Levi Strauss, jeune colporteur allemand débarque à San Francisco avec l’espoir d’y faire fortune en revendant ses toiles de tente et bâches pour chariots. Or, il s’aperçoit que les chercheurs d’or n’ont pas tant besoin de toile brute que de vêtements solides et résistants. Il décide alors de confectionner des pantalons dans sa toile de tente et fait mouche.
Face au succès que rencontrent ses pantalons, Levi Strauss délaisse la toile de tente pour le denim (cette étoffe de coton à armure sergée ultra-résistante est fabriquée dans la ville de Nîmes). Il y ajoute des surpiqûres sur les poches arrières, et, sur une idée de Jacob Davis, il fait breveter les rivets qui permettent de fixer les coins des poches et les empêchent de se déchirer.
Le blue jeans (de la déformation des mots "bleu de Gênes", du nom de la ville italienne dont était originaire la teinture qui servait alors à donner sa couleur bleue à la toile) est ensuite adopté par tous les fermiers, paysans et travailleurs des Etats-Unis qui louent sa robustesse et son confort. Un mythe américain est né.

Il faut attendre 1935 – date à laquelle le magazine Vogue publie la première publicité pour des jeans – pour le voir apparaître dans les penderies féminines. A la fin des années 40, la marque Blue Bell crée un jeans à taille haute ajustée, fermé par une glissière latérale et aux hanches rondes pour les femmes. Marilyn Monroe, comme beaucoup d’autres stars du cinéma ou de la chanson (James Dean, Marlon Brando), contribue alors largement au succès du jeans et s’affiche dans une publicité Levi’s.
Vingt ans plus tard, la génération hippie s’approprie le jeans comme un vêtement androgyne et emblématique de la contestation d’une jeunesse révoltée. Le festival de Woodstock est d’ailleurs un meeting géant de jeans patte d’éléphant et c’est cette love generation qui va révolutionner le denim en le personnalisant et en le détournant de sa sobriété première : délavage (tie and dye), ajout de franges, de perles ou de broderies, peintures...

Dans les années 1980, le marché du jeans s’effondre avec l’arrivée des slacks, ces pantalons de toile souple et légère, plus habillés. Mais dès 1990, l’apparition de la surteinture (qui rajeunit et dynamise l’éclat du jeans) et du Lycra® (synonyme de confort qui fait des ravages auprès des femmes) redonne un véritable coup de fouet à l’industrie du jeans qui se remet alors en marche pour ne plus jamais cesser d’innover : noir, lamé, bleached, brut, stone washed, used, skinny... la mode s’inspire des codes de certains mouvements musicaux ou culturels (les déchirures grunge, le baggy des rappeurs US ou le slim punk) pour anticiper les tendances. Tandis que Levi Strauss écoulait ses jeans 1,46 $ pièce, certaines marques le vendent aujourd’hui des centaines d’euros ! En 1994, le couturier Christian Lacroix évoquait déjà le blue-jeans comme le vêtement qui "serait pour toujours la couleur de la seconde moitié de ce siècle".

D’abord bleu de travail, puis pantalon de loisirs, et enfin véritable fashion must-have… le blue jeans devrait encore donner le ton de ce millénaire.

Article Mode.Doctissimo